Un album Photo des différents quartier
de la ville de Matadi.
La plus part des photos sont
prises par ma mère, et par M. Marcelle Dardenne. Des copies ont prises dans le
livre ‘La vie Belges au Congo’ de JL Gillot et sur des sites Iternet.
Pour situé les quartiers nous
avons pris une photo Satellite de Google-Earth 2022.
la photo satellite de la ville avec les quartiers
Une jeunesse coloniale
(Conférence en
2010)
Dans quelques
mois le 50ème anniversaire de l’indépendance du Congo sera fêté. Une
occasion pour la presse, radio et télé pour parler de ce lointain pays. Dans
quel sens ? Sur quoi ? Attendons. C’est aussi un moment pour donner
une opinion de quelqu’un qui y a grandi.
Quand autrefois
on me posait la question : d’où es-tu ? Je répondais :
« Mes parents sont de Bruges, je suis né à Gand mais j’ai grandi en
Afrique. Après la fuite en 1960 c’était Blankenberge, puis Gand où j’ai étudié
et ai travaillé à l’Université». Parfois on est intéressé par ces années
congolaises et je me laisse aller nostalgiquement à raconter quelques
anecdotes. Mais la plus part du temps suivent une ou deux remarques du
genre :
-
Des
millions de noirs ont été assassinés et beaucoup d’entre eux eurent les mains
coupées…
-
Les
coloniaux ont laissé derrière eux un beau foutoir.
Petite
définition : un colonial est quelqu’un qui habitait le Congo avant 1960,
après c’étaient des aides humanitaires…
La première fois
que je fus confronté à ces remarques c’était en 1970. Je commençais ma carrière
à l’université de Gand et entendit parler d’une conférence par l’association
« België-Kongo ». Je croyais y rencontrer des gens qui comme moi
avaient un passé dans l’ancienne colonie. Mais à ma grande surprise ce n’était
que taper sur les coloniaux. Des images de mains amputées, l’esclavage et la
violence, et se plaindre que l’on n’avait pas d’accès aux archives sans parler
du silence des coloniaux même. Ceux qui se taisent ont des choses à cacher et
sont donc a priori coupables.
Ces mains
amputées, c’était nouveau pour moi ! L’esclavage m’était connu par les
livres d’histoire et surtout par la statue de Lippens et De Bruyne sur la digue
à Blankenberge et le silence m’était familier. Depuis la fuite du Congo, mon
père n’a jamais dit un mot sur les 10 années qu’il avait passé là-bas. Ma mère
parlait des choses quotidiennes mais sur les derniers mois et jours pas un
mot ! Avec mon frère ainé, nous étions enfermés, respectivement 4 et 1 ans, dans un internat en Belgique et heureusement nous
n’avons pas vécu les jours de l’indépendance. Les anciens de Matadi se
réunissent chaque année et c’est par eux que j’ai appris beaucoup sur la vie de
mes parents et les derniers jours à Matadi.
Comme il se doit
3 parties : les années 50, la période avant 1908 et après 1960, et mon opinion
sur le sujet. J’ai lu beaucoup les pours et les contres mais la mémoire
enfantine est parfois trompeuse, donc…
10 ans Afrique -10 ans Matadi
Mes parents sont
nés en 1920 à Bruges. Entre leurs 20 et 25 ans ils ont connus la guerre et ses
malheurs, fuir, travailler en Alsace, etc… A la fin de la guerre mon père a
trouvé du travail au port de Gand pour décharger les Liberty-ships. C’est là
qu’il apprit l’art de charger et décharger un bateau. Un jour, il apprit que
l’on recherchait des gens pour travailler dans les ports au Congo-Belge. Il a
posé sa candidature, réussit les tests et reçu un cours de colonial pendant 3
mois. Après les vaccins, nous sommes partis en décembre 1949.
Le contrat que
mon père signa avec la firme OTRACO, une filiale de la Société Générale,
consistait en 7 périodes de 3 ans au Congo pour y travailler en tant que
« foreman » cad
charger et décharger des cargos. L’aventure et surtout du côté financier furent
des motifs. Il y gagnerait 3 fois plus qu’ici.
En route pour
Léopoldville avec un DC3 de la Sabena ! Et de là par le train blanc vers
Matadi.
Un peu de géographie
Pour vous donner
une idée de la surface de la colonie en comparant avec l’Europe : si
Leo-Kinshasa serait à Toulouse, la 2ème grande ville Elisabethville
(Lubumbashi) serait dans le sud de l’Italie et la 3ème Stanleyville
(Kisangani) serait dans la région de la Ruhr en Allemagne.
Population en
1957: 15 million d’indigènes, 120.000 européens dont 100.000 belges partagé
entre 15 à 20.000 missionnaires et dans le restant la moitié était femmes et
enfants.
Matadi est situé
au point le plus loin navigable sur le
fleuve Congo à partir de l’Atlantique c’est à dire à 150 km. En amont, des
cataractes empêche la navigation jusqu’à Leo à 400km. La température moyenne
est de 32° le jour et 20 la nuit, humidité 65%, 2 saisons, une sèche et une de
pluie (Belgique 60cm, Congo 200cm). Lever du soleil 6h, coucher 18 h toute
l’année.
En 1960 il y
avait 1200 blancs à Matadi et 50.000 noirs. La population blanche consistait en
grande partie de jeunes de 25 à 35 ans, en général marié avec de jeunes
enfants. Pas de famille dans les environs, pas de grands-parents ni oncles ni
tantes, ni cousins ni cousines. Une ambiance libre et décontractée.
Travail
Mon père travaillait
sur les cargos en équipe de 8 heures, 6 jours par semaine et 10 jours de congé
par an. Sècheresse ou pluie, il était sur le pont pour diriger ses équipes qui
déchargeaient les denrées venu d’Europe ou d’Amérique et chargeaient des
minerais pour le retour. En temps de
pluie, les ponts deviennent glissants et plus d’un accident était à déplorer.
C’est ce qu’il lui arriva en 1952 avec une chute dans la cale du bateau.
Beaucoup de fractures et 6 mois d’hôpital.
Maman
travaillait à la maison. A côté des tâches ménagères, elle cousait des
vêtements (toujours du blanc !), essayait de cultiver des légumes et
entretenait un poulailler. Elle cousait également des vêtements pour le boy et
sa famille.
Et oui nous
avions un boy lavadère ! cad
un domestique qui s’occupe du linge. Par le temps chaud nous changions
plusieurs fois par jour de vêtements. Des machines à laver n’existaient pas et
la tâche du boy lavadère était de faire bouillir les vêtements et puis de les
repasser le plus rapidement possible pour empêcher les insectes d’y pondre
leurs œufs. Le job de boy était règlementé par l’administration. Salaire
minimum, livret et liberté de s’en aller si le travail ne lui plaisait plus. Le
blanc habitant loin des villes avait plusieurs boys : un pour la cuisine,
un pour le linge et un pour garder les enfants. Ce n’était pas un luxe car
souvent madame devait aider son mari.
L’image que l’on
avait en Europe du colonial était plutôt
dans le style de « Monsieur tape sur le nègre pour le faire
travailler tandis que Madame jouit de la vie en ne faisant rien ! »
Langue et éducation
La langue
courante était le français. L’administration était en français. L’école était
en français et on apprenait aux
indigènes le français. Ce n’est qu’en 1956 que le néerlandais apparu à
l’école. Personnellement je suis resté dans le régime francophone avec le
résultat que je ne connaissais que le français et le patois brugeois. Les
flamands parlaient néerlandais entre eux
et pour autant que me souvienne, il n’y avait pas de problèmes dans la vie
quotidienne. Bambi Ceuppens, une ethnologue de Louvain a écrit un pavé sur les
problèmes linguistiques. C’est qu’il y avait bien quelque chose qui n’allait
pas et c’est une histoire à part dans la colonie.
Pour les enfants
blancs il y avait 2 écoles primaires à Matadi. Une officielle et une
catholique. Pour le secondaire il y avait le choix entre Moanda, sur
l’Atlantique à 150km et Léopoldville à 400km. Dans les deux cas un voyage d’une
journée, donc internat et retour à la maison toutes les 6 semaines. Quand mon
frère eu 12 ans mes parents choisirent une 3ème solution : un internat
francophone en Belgique ! 12.000 km et retour 1 fois par 3ans. En 1959
j’ai suivi le même chemin…
A partir de
1957, les classes étaient mixtes cad noir et blanc.
Il n’y avait pas beaucoup d’enfants noirs et c’était en général des enfants
d’évolués c’est à dire des indigènes qui avait déjà des postes plus haut dans
l’administration. Il y avait aussi quelques métis.
Pour la
population noire, il y avait des primaires des écoles techniques tenues par les
pères blancs. Cette éducation était complètement aux mains des missionnaires.
En 1953 l’université Lovanium, dirigée par l’UCL fut créée et en contrepartie
l’université laïque d’Elisabethville fut mis en place en 1957.
Divertissement
Pour jeunes et
moins jeunes il y avait en première lieu la nature. La brousse, la jungle avec
ses arbres et ses rivières étaient à portée de la main. Pour les jeunes
familles il y avait régulièrement des fêtes. Chaque école avait sa fancy-fair,
saint Nicolas et en centre-ville il y avait plusieurs hôtels avec
café-restaurant. Matadi était une ville étape pour les voyageurs venant ou
allant à Anvers. Ils venaient ou allaient vers le centre du Congo par le
train-blanc.
Mon dimanche
consistait le matin à aller chez les scouts, l’après-midi au Cinema Palace voir
Ivanhoe, Le prisonnier de Zenda et beaucoup d’autres
films et puis à la piscine où il y avait une salle de judo et d’escrime.
Pendant les vacances nous partions souvent avec les scouts faire des camps dans
des postes de missionnaires loin de la ville.
Santé
Matadi avait
pour les blancs un hôpital et un sanatorium. Les Sœur de Charité de Gand
dirigeaient ces institutions. Ma sœur y est née mais une autre y est décédée.
C’est là aussi que ma première dent me fut tirée car le dentiste passait tous
les 6 mois et entretemps c’est le chirurgien qui s’occupait de l’affaire.
Anesthésie par chloroforme, très efficace mais on dégueule pendant 2 jours…
Pour soigner le mal de dent maman prenait une allumette avec un bout de ouate,
trempait cela dans le whisky et puis appuyait ceci sur la dent qui faisait mal.
En cas de
sérieuses maladies les patients étaient envoyés sur Léo ou vers la Belgique.
Mais régulièrement il y avait des décès dû aux problèmes de naissance, coups de
soleil, noyade et accidents. La population indigène avait aussi un hôpital et
beaucoup de dispensaires dispersés en dehors de la ville avec les mêmes soins
que les blancs.
Au début nous
avalions tous les jours de la quinine, plus tard ce n’était qu’une fois par
semaine. La mouche tsétsé et les moustiques propageaient la malaria et la
maladie du sommeil donc nous dormions toujours sous des moustiquaires. Les
caniveaux et rivières étaient régulièrement arrosés de DDT. En ce temps-là on
trouvait cela normal. Je me souviens de voir un indigène avec un canon à fumée
DDT sous le bras et pour se protéger un pauvre petit masque.
La politique comme au heimat
Selon les amis de
papa on n’en parlait pas. Il n’y avait pas d’élections, pas de partis ni de
syndicats. En 1957 un syndicaliste libéral ostendais est passé mais après
quelques conversations avec les travailleurs il a vite compris que ceux-ci
n’étaient pas assez « murs ».
La vie quotidienne et la nourriture
On y gagnait
mieux sa vie qu’en Belgique mais dans la colonie tout était plus cher car tout
devait être importé. A Matadi nous étions mieux lotis que le reste du pays car
toutes les denrées passaient par ici. Nous avions des légumes
« frais » de 15 jours, la viande venait de l’ile de Mateba en aval
sur le fleuve et du poulailler de la maison. Le lait frais n’existait pas mais
il y avait le lait en poudre américain KLIM. Et nous avions un
frigidaire ! Chaque jour un camion de la pêcherie PEMARCO nous apportait
de la glace. Le « garde-manger » avait les pieds dans des petits pots
avec du pétrole pour empêcher les fourmis et d’autres insectes d’y accéder. Et
nous avions une baignoire ! Un luxe que je ne connaissais pas en Belgique
dans les années 60…
Le congé de rétablissement de 6 mois en Belgique
Après un terme
de 3 ans nous devions rentrer en Belgique. Je dis bien « devions »
car pour les enfants c’était pénible. On quittait ses amis et on ne savait pas
si on allait les revoir car après son congé, le colonial n’était pas sûr de
retrouver le même poste. Une fois en Belgique il fallait chercher un logement
pour 6 mois. En général on trouvait celui-ci dans des régions touristiques
comme sur le littoral. Comme je suivais l’école en français on m’envoyait dans
un internat à Mouscron. De la cabane dans un arbre à une chambrette d’internat
de collège… Les weekends étaient consacrés aux visites de famille. Donc bien
astiqué, bien habillé et surtout pas bougé et resté poli avec les cousins que
l’on ne connait pas. Les parents en profitaient pour faire quelques voyages en
Allemagne ou en France, donc séjours plus longs en internat.
A part les
grandes villes du Congo il n’y avait pas de magasins à chaque coin de rue.
Maman acheta donc la meilleure machine à coudre et des rouleaux de tissu blancs
pour confectionner nos vêtements. Des dizaines de disques 78 tours, un bon
phonographe et papa acheta une auto. De préférence une auto qui résistait aux
routes d’Afrique ! Cette vie de luxe pendant ces 6 mois créa naturellement
chez la famille et des amis une grande jalousie qui sera à la base de leur
comportement après la fuite de 1960.
Et une fois que
l’on s’est fait de nouveau amis il était temps de rentrer en Afrique. Avoir des
amis était toujours de courte durée.
La fuite
Comme je l’ai
dit auparavant en 1959 on m’a laissé mon frère et moi en Belgique et mes
parents sont rentrés avec ma sœur après un congé de 6 mois. Heureusement que
j’avais mon frère car j’ai pleuré des semaines entière. Donc je n’ai pas vécu
les évènements de l’indépendance et j’ai eu de la chance car je ne sais pas
comment j’en serais sorti.
Le 30 juin 1960
c’était Dipenda. Cinq jours plus tard le pays était en feu et à sang. Pendant
les élections de mai les politiciens africains avaient promis au Congolais
qu’il ne devrait plus travailler, qu’ils auraient une maison, une voiture ET
une femme blanche. Rien de tout cela ! Les blancs furent arrêtés,
enfermés, tabassés, les femmes violées et beaucoup furent assassinés. Lors d’une
accalmie une grosse partie de la population blanche a pu s’échapper. Mes
parents sont montés à bord du Thysville mais comme celui-ci était trop chargé,
des volontaires ont pris un autre chemin pour rentrer. Maman et ma sœur
restèrent à bord et papa prit des bus, des avions, des bateaux et taxi pour
arriver le 27 juillet à Blankenberge au moment où nous allions partir à Anvers
pour accueillir maman.
Fini !
L’aventure est terminée ! Sans boulot car le contrat stipulait qu’il devait
retourner. Sans un sou car les épargnes à la banque ne pouvaient être rapatrié,
une nouvelle vie commençât. Début 1970 ils reçurent une indemnisation en bon de
caisse cad 10 % de leurs épargnes. « De l’argent
de singe ! » cria papa en jetant ces papiers dans la cheminée. C’est
ainsi que j’ai pu calculer qu’ils avaient perdu 270.000 Fr belges, l’équivalent
de 70 à 80.000 euro. Après avoir ouvert une pension à Blankenberge, maman
trouva un job en tant que cuisinière à l’hôpital. Papa travailla d’abord comme
ouvrier à l’usine puis comme manœuvre au port de Zeebruges. C’est là qu’il fut
radié par les déchets radioactifs, devint malade et mourut en 81.
…
La première remarque: “Des millions de noirs ont été
assassinés et beaucoup d’entre eux eurent les mains coupées »
Vers
la moitié du 19ème siècle la plupart des puissances européennes
avait des colonies sur d’autres continents. Aussi bien Léopold Ier que II
tentèrent quelques projets mais en vain. Avec l’aide de Henri Morton Stanley
pris connaissance du bassin du fleuve Congo. Pendant la conférence de Berlin en
1885 les grandes puissances n’arrivèrent pas à un accord et on décida de créer
un espace international sous la protection de la Belgique. Le gouvernement
n’accepta pas mais le roi lui pris l’affaire en main.
Mais bientôt le
concierge se transforma en propriétaire et décida qui recevrait une concession
dans la zone libre d’échange. Une grande partie du concessionnaire venaient de
Belgique mais aussi d’autre pays. L’Ecossais William Lever produisait de
l’huile de palme pour la fabrication de savon et margarine. Il fut à la base de
l’empire Unilever. Le Congo est au début une affaire non rentable et le roi y
perd de l’argent. Sous l’impulse de Stanley un chemin de fer est construit
entre Matadi et Léopoldville ce qui profite à l’exportation.
La révolution
industrielle de 1895 fait accroitre la demande de caoutchouc. Les
concessionnaires reçoivent des bonus pour produire plus et c’est là ou
l’affaire tourne mal. Ils prennent en otage une ethnie qui oblige d’autres à travailler plus. Pour prouver
qu’ils n’emploient pas leur cartouche pour chasser mais bien pour mater des
révolutions ils doivent rapporter la main du rebelle tué. Ainsi commence une
période de terreur. Les indigènes meurent non seulement de maltraitance mais
aussi de maladies importées comme c’est le cas avec les indiens de l’Amérique
du Nord et du Sud.
Des
missionnaires et des gens de passage remarquent cette situation et en font
rapport à l’administration.
L’exportation
prend une telle ampleur quelle surmonte celle des Anglais. Ce qui ne leur plait
pas ! Mais Léopold II est un neveu de Queen Victoria et le gouvernement ne
peut pas protester simplement. A partir de Liverpool une campagne est menée
pour mettre les horreurs au grand jour. Si on peut mettre le concierge à la
porte, l’Angleterre qui convoite déjà le Katanga, pourrait reprendre le Congo.
Ainsi il y aurait un passage Est-Ouest à côté du projet Nord-Sud qui relie Le
Caire à Capetown.
Qui sont les
sonneurs de cloche ?
En 1890 un
capitaine de bateau polonais part pour Leo pour prendre sa tâche. Il voit les
circonstances dans lesquelles travaillent des Sénégalais, Chinois importés pour
construire le chemin de fer. En ce temps-là 2 européens sur 10 mouraient dans
les 2 ans après son arrivée en Afrique. Lui-même fut rapatrié en Belgique après
6 mois avec une dysenterie. 10 ans plus tard il écrivait un roman ‘Heart of
Darkness’ sous le pseudonyme Josef Conrad.
Prévenu par les
missionnaires, l’Angleterre envoie leur consul Roger Casement
pour faire un rapport. Après un voyage dans le Nord celui-ci confirme les
conditions extrêmes dans lesquels travaillent les indigènes. La collecte du
caoutchouc se faisait des lianes et non de l’hévéa, ce qui obligent les pauvres
gens à travailler dans des marais.
A Liverpool un
français E.D. Morel débute une campagne pour dénoncer les atrocités. Il se base
sur le rapport Casement et sur le livre de Conrad mais ceux-ci se distancie de
Morel. Il va donner des conférences aux Etats-Unis avant que Léopold II n’y
passe et mets Mark Twains dans son camp. Il va engager Sir Conan Doyle à écrire
un livre qui parait sous le titre « Crime in Congo ». Il est rééditer
en France début du XXIème siècle sous-titre « Crime au Congo(Belge) »
donc pas de crime dans le Congo Français…
Petit à petit le
gouvernement belge prend conscience de la situation et oblige le roi à lui
donner le Congo. A partir de ce moment-là les lois belges sont appliquées et
les tueries se terminent.
Le front reste
calme et même une pièce de Hugo Claus début 70 n’a
aucun impact. C’est 1985 que Daniel VanGroenweghe publie son livre « Rood
Rubber », le même nom que Morel employa, et qui connut un beau succès.
Sans scrupule un américain Adam Hochschild reprend ce livre, l’agrandi un peu
et en fait un bestseller. La BBC en fait un documentaire qui met les tueries en
avant en oubliant la politique anglaise de l’époque. Détail marrant pour nous
belge : un professeur d’histoire africaine prouve la cruauté des belges en
se mettant sous la statue de Brabo à Anvers en montrant une boite de chocolat
« handjes »… Louis Michel essaye d’interdire l’émission sur les
chaines belges mais sans succès
Du côté
francophone (je pense à Ergo et Stengers) nous avons quelques œuvres
historiques qui n’évitent pas la question des meurtres mais qui mettent en lumière les projets bénéfiques auxquelles ont
participé des milliers d’européens. Jean Stengers est très crique envers Hochschild, qui est pris comme référence par beaucoup
d’auteurs. Dans la bataille contre l’esclavage, la santé et les infrastructures
beaucoup y perdent la vie.
L’analyse de
cette période demande donc une approche très critique. Un exemple : lors
d’une exposition de photos de Carl De Keyzer à Anvers le Standaard publie une
photo de militaire en disant « entre 1885 et 1908 plus de 10 millions de
personnes furent tuées » et dans le paragraphe suivant « des 30
millions d’habitants il ne resta que la moitié après 1908 ».
Deuxième remarque: Les coloniaux ont laissé derrière
eux un beau foutoir..
Dans
l’hebdomadaire HUMO de fin novembre 1999 l’entête d’un article sur les
reportage de Rudi Vrancks disait : » Les seules choses que nous avons
hérité sont des sandales, un vélo et un seau en plastique ». Ceci me fait
enrager !! L’auteur de cet article prétend donc que les coloniaux ont rempli
leurs poches et laissé les congolais dans la misère. A une lettre de
protestation l’hebdo n’a même pas eu la politesse de répondre.
Il est pénible
de voir comment le Congo fut transformé en un champ de ruine. Ce n’est pas au
peuple à entretenir les infrastructures. Ce n’est pas au peuple de pourvoir des
soins de santé et de l’enseignement. Depuis l’indépendance des puissances
mondiales ont empêché le Congo de devenir un pays en bonne santé. Quand les
aides arrivent dans les mains de dictateurs le peuple ne reçoit rien. Et quand
il ose demander on lui envoie l’armée.
Une autre
remarque stipule que l’indépendance vint trop tôt. Récapitulons vite l’histoire
des dernières 100 années :
Conclusion
Trop tôt ?
Aucun pays
d’Afrique ne fut libéré aussi rapidement avec un minimum d’action rebelle.
Seulement 5 mois de phase transitoire.
En 1960 les 2
universités n’ont formé que quelques cadres. En 15 ans on peut faire quelques
ingénieurs et médecins mais pas assez pour diriger un pays. Les français et les
anglais étaient déjà plus longtemps dans leurs colonies et éduquaient leurs
citoyens dans les universités en métropole.
Culture
La culture
africaine est différente de la nôtre. Il y a le respect du chef. Les milliards
qui sont resté dans les poches des dictateurs
n’ont pas été réclamés par le peuple.
Le colonial
On parle
toujours du colonial. Certains étaient de vrais racistes et d’autres des gens
paisibles. En fait il faut parler des puissances économiques et politiques. Les
banquiers s’en sont bien tirés, tout comme les grands groupes miniers. Mais le
commun du commun lui…
Je crois que
l’ex-colonial va devoir affronter tellement d’insultes en 2010 qu’il restera
gentiment dans son coin en silence en pensant aux belles années. Il ne
protestera pas car il sait que cela ne sert à rien. Entre eux ils évoqueront
des souvenirs que nuls autres ne peuvent comprendre.
Et bientôt ils
disparaitront…
J’ai dit
Juin 2020 A la suite des évènements du déboulonnage
du buste de Leopold II dans le Zuidpark
à Gand
A l’attention du conseil
communal de la ville Gand,
Suite à votre décision
récente de déboulonner le buste du roi Léopold II et de faire disparaitre son
nom dans une rue de Gand, quelques préoccupations. Les jeunes et moins jeunes
pour qui vous avez pris ces décisions ont un peu oublié l’histoire de leur
ville et également leur comportement d’achat.
Gand avait une florissante industrie de
textile (La Lys, Galveston, Loutex later UCO) pour laquelle une source de coton était très
importante. Ce coton venait en grande partie de la colonie acquise par le roi Leopold II. Gand avait également une industrie
métallurgique (ACEC et Carels). Leur matière
première, le cuivre et le fer, venait aussi du Congo. Idem pour l’industrie du
caoutchouc (Bergougnan) à Evergem. Où serait
l’industrie gantoise sans la colonie ? En 1955 la foire annuelle de Gand
qui représentait l’industrie, remercia le souverain par un buste à sa mémoire
dans le Zuidpark.
Grâce au bon
fonctionnement, de l’approvisionnement et surtout grâce au syndicat les
conditions de travail s’amélioraient. Les nombreux ouvriers travaillant dans
ces industries furent capables de donner une meilleure éducation à leurs
enfants et eux à leur tour permettaient d’envoyer leurs enfants faire des
études supérieures. Les conditions de travail en Afrique furent horribles au
départ dû à l’activité d’aventuriers mais petit à petit celle-ci s’améliora
après 1905. La vie des Congolais était moins agréable que celle de leurs
collègues Gantois qui vivaient dans les courées. Le souverain n’avait que peu
d’influence sur ces aventuriers et ne pris que trop tard les mesures
nécessaires. Les maladies locales et importées firent en plus des catastrophes
parmi les Africains.
La génération actuelle n’a pas connue les
courées, ni le téléphone au coin de rue, ni la carte postale jaune pour se
communiqué. Pratiquement tous ont des téléphones portables et portent des
vêtements à bas prix. Mais qui s’occupe des matières premières pour leur
téléphone ? Des esclaves africains qui travaillent dans des mines ouvertes
au risque de leur vie et santé. Qui confectionne leurs vêtements chez Primax, H&M, etc ? Ce
sont des esclaves du Sud-est asiatique. Sans ces esclaves pas de Instagram, ni de Tik-Tok, ni de
vêtement à la mode. Cette génération qui crie haut et fort du scandale d’il y a
100 ans oublie de regarder dans ses propres gestes. Et hélas, ils sont
applaudit par des politiciens qui ne pensent qu’à leurs élections.
Dormez bien chers
conseillers municipaux, en ce moment les esclaves dorment aussi, hélas sous
terre. Occupez vous plutôt de prendre des mesures contre le racisme et le fascisme
avant que ceux-ci ne se remette en place.