Un album Photo des différents quartier de la ville de Matadi.

La plus part des photos sont prises par ma mère, et par M. Marcelle Dardenne. Des copies ont prises dans le livre ‘La vie Belges au Congo’ de JL Gillot et sur des sites Iternet.

Pour situé les quartiers nous avons pris une photo Satellite de Google-Earth 2022.

 

la photo satellite de la ville  avec les quartiers

La Ville Basse

La Ville Haute

Quartier Ciné Palace

Soyo

En dehors de la ville

Une jeunesse coloniale

(Conférence en 2010)

Dans quelques mois le 50ème anniversaire de l’indépendance du Congo sera fêté. Une occasion pour la presse, radio et télé pour parler de ce lointain pays. Dans quel sens ? Sur quoi ? Attendons. C’est aussi un moment pour donner une opinion de quelqu’un qui y a grandi.

Quand autrefois on me posait la question : d’où es-tu ? Je répondais : « Mes parents sont de Bruges, je suis né à Gand mais j’ai grandi en Afrique. Après la fuite en 1960 c’était Blankenberge, puis Gand où j’ai étudié et ai travaillé à l’Université». Parfois on est intéressé par ces années congolaises et je me laisse aller nostalgiquement à raconter quelques anecdotes. Mais la plus part du temps suivent une ou deux remarques du genre :

-          Des millions de noirs ont été assassinés et beaucoup d’entre eux eurent les mains coupées…

-          Les coloniaux ont laissé derrière eux un beau foutoir.

Petite définition : un colonial est quelqu’un qui habitait le Congo avant 1960, après c’étaient des aides humanitaires…

La première fois que je fus confronté à ces remarques c’était en 1970. Je commençais ma carrière à l’université de Gand et entendit parler d’une conférence par l’association « België-Kongo ». Je croyais y rencontrer des gens qui comme moi avaient un passé dans l’ancienne colonie. Mais à ma grande surprise ce n’était que taper sur les coloniaux. Des images de mains amputées, l’esclavage et la violence, et se plaindre que l’on n’avait pas d’accès aux archives sans parler du silence des coloniaux même. Ceux qui se taisent ont des choses à cacher et sont donc a priori coupables.

Ces mains amputées, c’était nouveau pour moi ! L’esclavage m’était connu par les livres d’histoire et surtout par la statue de Lippens et De Bruyne sur la digue à Blankenberge et le silence m’était familier. Depuis la fuite du Congo, mon père n’a jamais dit un mot sur les 10 années qu’il avait passé là-bas. Ma mère parlait des choses quotidiennes mais sur les derniers mois et jours pas un mot ! Avec mon frère ainé, nous étions enfermés, respectivement 4 et 1 ans, dans un internat en Belgique et heureusement nous n’avons pas vécu les jours de l’indépendance. Les anciens de Matadi se réunissent chaque année et c’est par eux que j’ai appris beaucoup sur la vie de mes parents et les derniers jours à Matadi.

Comme il se doit 3 parties : les années 50, la période avant 1908 et après 1960, et mon opinion sur le sujet. J’ai lu beaucoup les pours et les contres mais la mémoire enfantine est parfois trompeuse, donc…


10 ans Afrique -10 ans Matadi

Mes parents sont nés en 1920 à Bruges. Entre leurs 20 et 25 ans ils ont connus la guerre et ses malheurs, fuir, travailler en Alsace, etc… A la fin de la guerre mon père a trouvé du travail au port de Gand pour décharger les Liberty-ships. C’est là qu’il apprit l’art de charger et décharger un bateau. Un jour, il apprit que l’on recherchait des gens pour travailler dans les ports au Congo-Belge. Il a posé sa candidature, réussit les tests et reçu un cours de colonial pendant 3 mois. Après les vaccins, nous sommes partis en décembre 1949.

Le contrat que mon père signa avec la firme OTRACO, une filiale de la Société Générale, consistait en 7 périodes de 3 ans au Congo pour y travailler en tant que « foreman » cad charger et décharger des cargos. L’aventure et surtout du côté financier furent des motifs. Il y gagnerait 3 fois plus qu’ici.

En route pour Léopoldville avec un DC3 de la Sabena ! Et de là par le train blanc vers Matadi.

Un peu de géographie

Pour vous donner une idée de la surface de la colonie en comparant avec l’Europe : si Leo-Kinshasa serait à Toulouse, la 2ème grande ville Elisabethville (Lubumbashi) serait dans le sud de l’Italie et la 3ème Stanleyville (Kisangani) serait dans la région de la Ruhr en Allemagne.

Population en 1957: 15 million d’indigènes, 120.000 européens dont 100.000 belges partagé entre 15 à 20.000 missionnaires et dans le restant la moitié était femmes et enfants.

Matadi est situé au point  le plus loin navigable sur le fleuve Congo à partir de l’Atlantique c’est à dire à 150 km. En amont, des cataractes empêche la navigation jusqu’à Leo à 400km. La température moyenne est de 32° le jour et 20 la nuit, humidité 65%, 2 saisons, une sèche et une de pluie (Belgique 60cm, Congo 200cm). Lever du soleil 6h, coucher 18 h toute l’année.

En 1960 il y avait 1200 blancs à Matadi et 50.000 noirs. La population blanche consistait en grande partie de jeunes de 25 à 35 ans, en général marié avec de jeunes enfants. Pas de famille dans les environs, pas de grands-parents ni oncles ni tantes, ni cousins ni cousines. Une ambiance libre et décontractée.

Travail

Mon père travaillait sur les cargos en équipe de 8 heures, 6 jours par semaine et 10 jours de congé par an. Sècheresse ou pluie, il était sur le pont pour diriger ses équipes qui déchargeaient les denrées venu d’Europe ou d’Amérique et chargeaient des minerais pour le retour.  En temps de pluie, les ponts deviennent glissants et plus d’un accident était à déplorer. C’est ce qu’il lui arriva en 1952 avec une chute dans la cale du bateau. Beaucoup de fractures et 6 mois d’hôpital.

Maman travaillait à la maison. A côté des tâches ménagères, elle cousait des vêtements (toujours du blanc !), essayait de cultiver des légumes et entretenait un poulailler. Elle cousait également des vêtements pour le boy et sa famille.

Et oui nous avions un boy lavadère ! cad un domestique qui s’occupe du linge. Par le temps chaud nous changions plusieurs fois par jour de vêtements. Des machines à laver n’existaient pas et la tâche du boy lavadère était de faire bouillir les vêtements et puis de les repasser le plus rapidement possible pour empêcher les insectes d’y pondre leurs œufs. Le job de boy était règlementé par l’administration. Salaire minimum, livret et liberté de s’en aller si le travail ne lui plaisait plus. Le blanc habitant loin des villes avait plusieurs boys : un pour la cuisine, un pour le linge et un pour garder les enfants. Ce n’était pas un luxe car souvent madame devait aider son mari.

L’image que l’on avait en Europe du colonial était plutôt  dans le style de « Monsieur tape sur le nègre pour le faire travailler tandis que Madame jouit de la vie en ne faisant rien ! »

Langue et éducation

La langue courante était le français. L’administration était en français. L’école était en français et on apprenait aux  indigènes le français. Ce n’est qu’en 1956 que le néerlandais apparu à l’école. Personnellement je suis resté dans le régime francophone avec le résultat que je ne connaissais que le français et le patois brugeois. Les flamands parlaient  néerlandais entre eux et pour autant que me souvienne, il n’y avait pas de problèmes dans la vie quotidienne. Bambi Ceuppens, une ethnologue de Louvain a écrit un pavé sur les problèmes linguistiques. C’est qu’il y avait bien quelque chose qui n’allait pas et c’est une histoire à part dans la colonie.

Pour les enfants blancs il y avait 2 écoles primaires à Matadi. Une officielle et une catholique. Pour le secondaire il y avait le choix entre Moanda, sur l’Atlantique à 150km et Léopoldville à 400km. Dans les deux cas un voyage d’une journée, donc internat et retour à la maison toutes les 6 semaines. Quand mon frère eu 12 ans mes parents choisirent une 3ème solution : un internat francophone en Belgique ! 12.000 km et retour 1 fois par 3ans. En 1959 j’ai suivi le même chemin…

A partir de 1957, les classes étaient mixtes cad noir et blanc. Il n’y avait pas beaucoup d’enfants noirs et c’était en général des enfants d’évolués c’est à dire des indigènes qui avait déjà des postes plus haut dans l’administration. Il y avait aussi quelques métis.

Pour la population noire, il y avait des primaires des écoles techniques tenues par les pères blancs. Cette éducation était complètement aux mains des missionnaires. En 1953 l’université Lovanium, dirigée par l’UCL fut créée et en contrepartie l’université laïque d’Elisabethville fut mis en place en 1957.

Divertissement

Pour jeunes et moins jeunes il y avait en première lieu la nature. La brousse, la jungle avec ses arbres et ses rivières étaient à portée de la main. Pour les jeunes familles il y avait régulièrement des fêtes. Chaque école avait sa fancy-fair, saint Nicolas et en centre-ville il y avait plusieurs hôtels avec café-restaurant. Matadi était une ville étape pour les voyageurs venant ou allant à Anvers. Ils venaient ou allaient vers le centre du Congo par le train-blanc.

Mon dimanche consistait le matin à aller chez les scouts, l’après-midi au Cinema Palace voir Ivanhoe, Le prisonnier de Zenda et beaucoup d’autres films et puis à la piscine où il y avait une salle de judo et d’escrime. Pendant les vacances nous partions souvent avec les scouts faire des camps dans des postes de missionnaires loin de la ville.

Santé

Matadi avait pour les blancs un hôpital et un sanatorium. Les Sœur de Charité de Gand dirigeaient ces institutions. Ma sœur y est née mais une autre y est décédée. C’est là aussi que ma première dent me fut tirée car le dentiste passait tous les 6 mois et entretemps c’est le chirurgien qui s’occupait de l’affaire. Anesthésie par chloroforme, très efficace mais on dégueule pendant 2 jours… Pour soigner le mal de dent maman prenait une allumette avec un bout de ouate, trempait cela dans le whisky et puis appuyait ceci sur la dent qui faisait mal.

En cas de sérieuses maladies les patients étaient envoyés sur Léo ou vers la Belgique. Mais régulièrement il y avait des décès dû aux problèmes de naissance, coups de soleil, noyade et accidents. La population indigène avait aussi un hôpital et beaucoup de dispensaires dispersés en dehors de la ville avec les mêmes soins que les blancs.

Au début nous avalions tous les jours de la quinine, plus tard ce n’était qu’une fois par semaine. La mouche tsétsé et les moustiques propageaient la malaria et la maladie du sommeil donc nous dormions toujours sous des moustiquaires. Les caniveaux et rivières étaient régulièrement arrosés de DDT. En ce temps-là on trouvait cela normal. Je me souviens de voir un indigène avec un canon à fumée DDT sous le bras et pour se protéger un pauvre petit masque.

La politique comme au heimat

Selon les amis de papa on n’en parlait pas. Il n’y avait pas d’élections, pas de partis ni de syndicats. En 1957 un syndicaliste libéral ostendais est passé mais après quelques conversations avec les travailleurs il a vite compris que ceux-ci n’étaient pas assez « murs ».

La vie quotidienne et la nourriture

On y gagnait mieux sa vie qu’en Belgique mais dans la colonie tout était plus cher car tout devait être importé. A Matadi nous étions mieux lotis que le reste du pays car toutes les denrées passaient par ici. Nous avions des légumes « frais » de 15 jours, la viande venait de l’ile de Mateba en aval sur le fleuve et du poulailler de la maison. Le lait frais n’existait pas mais il y avait le lait en poudre américain KLIM. Et nous avions un frigidaire ! Chaque jour un camion de la pêcherie PEMARCO nous apportait de la glace. Le « garde-manger » avait les pieds dans des petits pots avec du pétrole pour empêcher les fourmis et d’autres insectes d’y accéder. Et nous avions une baignoire ! Un luxe que je ne connaissais pas en Belgique dans les années 60…

Le congé de rétablissement de 6 mois en Belgique

Après un terme de 3 ans nous devions rentrer en Belgique. Je dis bien « devions » car pour les enfants c’était pénible. On quittait ses amis et on ne savait pas si on allait les revoir car après son congé, le colonial n’était pas sûr de retrouver le même poste. Une fois en Belgique il fallait chercher un logement pour 6 mois. En général on trouvait celui-ci dans des régions touristiques comme sur le littoral. Comme je suivais l’école en français on m’envoyait dans un internat à Mouscron. De la cabane dans un arbre à une chambrette d’internat de collège… Les weekends étaient consacrés aux visites de famille. Donc bien astiqué, bien habillé et surtout pas bougé et resté poli avec les cousins que l’on ne connait pas. Les parents en profitaient pour faire quelques voyages en Allemagne ou en France, donc séjours plus longs en internat.

A part les grandes villes du Congo il n’y avait pas de magasins à chaque coin de rue. Maman acheta donc la meilleure machine à coudre et des rouleaux de tissu blancs pour confectionner nos vêtements. Des dizaines de disques 78 tours, un bon phonographe et papa acheta une auto. De préférence une auto qui résistait aux routes d’Afrique ! Cette vie de luxe pendant ces 6 mois créa naturellement chez la famille et des amis une grande jalousie qui sera à la base de leur comportement après la fuite de 1960.

Et une fois que l’on s’est fait de nouveau amis il était temps de rentrer en Afrique. Avoir des amis était toujours de courte durée.

La fuite

Comme je l’ai dit auparavant en 1959 on m’a laissé mon frère et moi en Belgique et mes parents sont rentrés avec ma sœur après un congé de 6 mois. Heureusement que j’avais mon frère car j’ai pleuré des semaines entière. Donc je n’ai pas vécu les évènements de l’indépendance et j’ai eu de la chance car je ne sais pas comment j’en serais sorti.

Le 30 juin 1960 c’était Dipenda. Cinq jours plus tard le pays était en feu et à sang. Pendant les élections de mai les politiciens africains avaient promis au Congolais qu’il ne devrait plus travailler, qu’ils auraient une maison, une voiture ET une femme blanche. Rien de tout cela ! Les blancs furent arrêtés, enfermés, tabassés, les femmes violées et beaucoup furent assassinés. Lors d’une accalmie une grosse partie de la population blanche a pu s’échapper. Mes parents sont montés à bord du Thysville mais comme celui-ci était trop chargé, des volontaires ont pris un autre chemin pour rentrer. Maman et ma sœur restèrent à bord et papa prit des bus, des avions, des bateaux et taxi pour arriver le 27 juillet à Blankenberge au moment où nous allions partir à Anvers pour accueillir maman.

Fini ! L’aventure est terminée ! Sans boulot car le contrat stipulait qu’il devait retourner. Sans un sou car les épargnes à la banque ne pouvaient être rapatrié, une nouvelle vie commençât. Début 1970 ils reçurent une indemnisation en bon de caisse cad 10 % de leurs épargnes. « De l’argent de singe ! » cria papa en jetant ces papiers dans la cheminée. C’est ainsi que j’ai pu calculer qu’ils avaient perdu 270.000 Fr belges, l’équivalent de 70 à 80.000 euro. Après avoir ouvert une pension à Blankenberge, maman trouva un job en tant que cuisinière à l’hôpital. Papa travailla d’abord comme ouvrier à l’usine puis comme manœuvre au port de Zeebruges. C’est là qu’il fut radié par les déchets radioactifs, devint malade et mourut en 81.

La première remarque: “Des millions de noirs ont été assassinés et beaucoup d’entre eux eurent les mains coupées »

Vers la moitié du 19ème siècle la plupart des puissances européennes avait des colonies sur d’autres continents. Aussi bien Léopold Ier que II tentèrent quelques projets mais en vain. Avec l’aide de Henri Morton Stanley pris connaissance du bassin du fleuve Congo. Pendant la conférence de Berlin en 1885 les grandes puissances n’arrivèrent pas à un accord et on décida de créer un espace international sous la protection de la Belgique. Le gouvernement n’accepta pas mais le roi lui pris l’affaire en main.

Mais bientôt le concierge se transforma en propriétaire et décida qui recevrait une concession dans la zone libre d’échange. Une grande partie du concessionnaire venaient de Belgique mais aussi d’autre pays. L’Ecossais William Lever produisait de l’huile de palme pour la fabrication de savon et margarine. Il fut à la base de l’empire Unilever. Le Congo est au début une affaire non rentable et le roi y perd de l’argent. Sous l’impulse de Stanley un chemin de fer est construit entre Matadi et Léopoldville ce qui profite à l’exportation.

La révolution industrielle de 1895 fait accroitre la demande de caoutchouc. Les concessionnaires reçoivent des bonus pour produire plus et c’est là ou l’affaire tourne mal. Ils prennent en otage une ethnie  qui oblige d’autres à travailler plus. Pour prouver qu’ils n’emploient pas leur cartouche pour chasser mais bien pour mater des révolutions ils doivent rapporter la main du rebelle tué. Ainsi commence une période de terreur. Les indigènes meurent non seulement de maltraitance mais aussi de maladies importées comme c’est le cas avec les indiens de l’Amérique du Nord et du Sud.

Des missionnaires et des gens de passage remarquent cette situation et en font rapport à l’administration.

L’exportation prend une telle ampleur quelle surmonte celle des Anglais. Ce qui ne leur plait pas ! Mais Léopold II est un neveu de Queen Victoria et le gouvernement ne peut pas protester simplement. A partir de Liverpool une campagne est menée pour mettre les horreurs au grand jour. Si on peut mettre le concierge à la porte, l’Angleterre qui convoite déjà le Katanga, pourrait reprendre le Congo. Ainsi il y aurait un passage Est-Ouest à côté du projet Nord-Sud qui relie Le Caire à Capetown.

Qui sont les sonneurs de cloche ?

En 1890 un capitaine de bateau polonais part pour Leo pour prendre sa tâche. Il voit les circonstances dans lesquelles travaillent des Sénégalais, Chinois importés pour construire le chemin de fer. En ce temps-là 2 européens sur 10 mouraient dans les 2 ans après son arrivée en Afrique. Lui-même fut rapatrié en Belgique après 6 mois avec une dysenterie. 10 ans plus tard il écrivait un roman ‘Heart of Darkness’ sous le pseudonyme Josef Conrad.

Prévenu par les missionnaires, l’Angleterre envoie leur consul Roger Casement pour faire un rapport. Après un voyage dans le Nord celui-ci confirme les conditions extrêmes dans lesquels travaillent les indigènes. La collecte du caoutchouc se faisait des lianes et non de l’hévéa, ce qui obligent les pauvres gens à travailler dans des marais.

A Liverpool un français E.D. Morel débute une campagne pour dénoncer les atrocités. Il se base sur le rapport Casement et sur le livre de Conrad mais ceux-ci se distancie de Morel. Il va donner des conférences aux Etats-Unis avant que Léopold II n’y passe et mets Mark Twains dans son camp. Il va engager Sir Conan Doyle à écrire un livre qui parait sous le titre « Crime in Congo ». Il est rééditer en France début du XXIème siècle sous-titre « Crime au Congo(Belge) » donc pas de crime dans le Congo Français…

Petit à petit le gouvernement belge prend conscience de la situation et oblige le roi à lui donner le Congo. A partir de ce moment-là les lois belges sont appliquées et les tueries se terminent.

Le front reste calme et même une pièce de Hugo Claus début 70 n’a aucun impact. C’est 1985 que Daniel VanGroenweghe publie son livre « Rood Rubber », le même nom que Morel employa, et qui connut un beau succès. Sans scrupule un américain Adam Hochschild reprend ce livre, l’agrandi un peu et en fait un bestseller. La BBC en fait un documentaire qui met les tueries en avant en oubliant la politique anglaise de l’époque. Détail marrant pour nous belge : un professeur d’histoire africaine prouve la cruauté des belges en se mettant sous la statue de Brabo à Anvers en montrant une boite de chocolat « handjes »… Louis Michel essaye d’interdire l’émission sur les chaines belges mais sans succès

Du côté francophone (je pense à Ergo et Stengers) nous avons quelques œuvres historiques qui n’évitent pas la question des meurtres mais qui mettent en  lumière les projets bénéfiques auxquelles ont participé des milliers d’européens. Jean Stengers est très crique envers Hochschild, qui est pris comme référence par beaucoup d’auteurs. Dans la bataille contre l’esclavage, la santé et les infrastructures beaucoup y perdent la vie.

L’analyse de cette période demande donc une approche très critique. Un exemple : lors d’une exposition de photos de Carl De Keyzer à Anvers le Standaard publie une photo de militaire en disant « entre 1885 et 1908 plus de 10 millions de personnes furent tuées » et dans le paragraphe suivant « des 30 millions d’habitants il ne resta que la moitié après 1908 ».

 

Deuxième remarque: Les coloniaux ont laissé derrière eux un beau foutoir..

Dans l’hebdomadaire HUMO de fin novembre 1999 l’entête d’un article sur les reportage de Rudi Vrancks disait : » Les seules choses que nous avons hérité sont des sandales, un vélo et un seau en plastique ». Ceci me fait enrager !! L’auteur de cet article prétend donc que les coloniaux ont rempli leurs poches et laissé les congolais dans la misère. A une lettre de protestation l’hebdo n’a même pas eu la politesse de répondre.

Il est pénible de voir comment le Congo fut transformé en un champ de ruine. Ce n’est pas au peuple à entretenir les infrastructures. Ce n’est pas au peuple de pourvoir des soins de santé et de l’enseignement. Depuis l’indépendance des puissances mondiales ont empêché le Congo de devenir un pays en bonne santé. Quand les aides arrivent dans les mains de dictateurs le peuple ne reçoit rien. Et quand il ose demander on lui envoie l’armée.

Une autre remarque stipule que l’indépendance vint trop tôt. Récapitulons vite l’histoire des dernières 100 années :

 

Conclusion

Trop tôt ?

Aucun pays d’Afrique ne fut libéré aussi rapidement avec un minimum d’action rebelle. Seulement 5 mois de phase transitoire.

En 1960 les 2 universités n’ont formé que quelques cadres. En 15 ans on peut faire quelques ingénieurs et médecins mais pas assez pour diriger un pays. Les français et les anglais étaient déjà plus longtemps dans leurs colonies et éduquaient leurs citoyens dans les universités en métropole.

Culture

La culture africaine est différente de la nôtre. Il y a le respect du chef. Les milliards qui sont resté dans les poches des dictateurs  n’ont pas été réclamés par le peuple.

Le colonial

On parle toujours du colonial. Certains étaient de vrais racistes et d’autres des gens paisibles. En fait il faut parler des puissances économiques et politiques. Les banquiers s’en sont bien tirés, tout comme les grands groupes miniers. Mais le commun du commun lui…

Je crois que l’ex-colonial va devoir affronter tellement d’insultes en 2010 qu’il restera gentiment dans son coin en silence en pensant aux belles années. Il ne protestera pas car il sait que cela ne sert à rien. Entre eux ils évoqueront des souvenirs que nuls autres ne peuvent comprendre.

Et bientôt ils disparaitront…

J’ai dit

Juin 2020 A la suite des évènements du déboulonnage du buste de Leopold II dans le Zuidpark à Gand

A l’attention du conseil communal de la ville Gand,

Suite à votre décision récente de déboulonner le buste du roi Léopold II et de faire disparaitre son nom dans une rue de Gand, quelques préoccupations. Les jeunes et moins jeunes pour qui vous avez pris ces décisions ont un peu oublié l’histoire de leur ville et également leur comportement d’achat.

 Gand avait une florissante industrie de textile (La Lys, Galveston, Loutex later UCO) pour laquelle une source de coton était très importante. Ce coton venait en grande partie de la colonie acquise par le roi Leopold II. Gand avait également une industrie métallurgique (ACEC et Carels). Leur matière première, le cuivre et le fer, venait aussi du Congo. Idem pour l’industrie du caoutchouc (Bergougnan) à Evergem. Où serait l’industrie gantoise sans la colonie ? En 1955 la foire annuelle de Gand qui représentait l’industrie, remercia le souverain par un buste à sa mémoire dans le Zuidpark.

Grâce au bon fonctionnement, de l’approvisionnement et surtout grâce au syndicat les conditions de travail s’amélioraient. Les nombreux ouvriers travaillant dans ces industries furent capables de donner une meilleure éducation à leurs enfants et eux à leur tour permettaient d’envoyer leurs enfants faire des études supérieures. Les conditions de travail en Afrique furent horribles au départ dû à l’activité d’aventuriers mais petit à petit celle-ci s’améliora après 1905. La vie des Congolais était moins agréable que celle de leurs collègues Gantois qui vivaient dans les courées. Le souverain n’avait que peu d’influence sur ces aventuriers et ne pris que trop tard les mesures nécessaires. Les maladies locales et importées firent en plus des catastrophes parmi les Africains.

 La génération actuelle n’a pas connue les courées, ni le téléphone au coin de rue, ni la carte postale jaune pour se communiqué. Pratiquement tous ont des téléphones portables et portent des vêtements à bas prix. Mais qui s’occupe des matières premières pour leur téléphone ? Des esclaves africains qui travaillent dans des mines ouvertes au risque de leur vie et santé. Qui confectionne leurs vêtements chez Primax, H&M, etc ? Ce sont des esclaves du Sud-est asiatique. Sans ces esclaves pas de Instagram, ni de Tik-Tok, ni de vêtement à la mode. Cette génération qui crie haut et fort du scandale d’il y a 100 ans oublie de regarder dans ses propres gestes. Et hélas, ils sont applaudit par des politiciens qui ne pensent qu’à leurs élections.

Dormez bien chers conseillers municipaux, en ce moment les esclaves dorment aussi, hélas sous terre. Occupez vous plutôt de prendre des mesures contre le racisme et le fascisme avant que ceux-ci ne se remette en place.